Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/478

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est entièrement vêtue de noir. Son exaltation est la même qu’aux premiers jours de sa captivité, et quand on l’amène devant le conseil, relevant brusquement son voile, elle regarde fixement ses juges.

M. le capitaine Dailly occupe le siège du Ministère public.

Me Haussmann nommé d’office, assiste l’accusée, qui cependant a déclaré refuser le concours de tout avocat.

M. le greffier Duplan donne lecture du rapport suivant :


C’est en 1870, à l’occasion de la mort de Victor Noir, que Louise Michel commença à afficher ses idées révolutionnaires.

Institutrice obscure, presque sans élèves, il ne nous a pas été possible de savoir quelles étaient alors ses relations et la part à lui attribuer dans les événements précurseurs du monstrueux attentat qui a épouvanté notre malheureux pays.

Il est inutile, sans doute, de retracer en entier les incidents du 18 Mars, et comme point de départ de l’accusation, nous nous bornerons à préciser la part prise par Louise Michel dans le drame sanglant dont les buttes Montmartre et la rue des Rosiers furent le théâtre.

La complice de l’arrestation des infortunés généraux Lecomte et Clément Thomas craint de voir les deux victimes lui échapper. « Ne les lâchez pas ! » crie-t-elle de toutes ses forces aux misérables qui les entourent.

Et plus tard, lorsque le meurtre est accompli, en présence, pour ainsi dire, des cadavres mutilés, elle témoigne toute sa joie pour le sang versé et ose proclamer « que c’est bien fait » ; puis, radieuse et satisfaite de la bonne journée, elle se rend à Belleville et à la Villette, pour s’assurer « que ces quartiers sont restés armés ».

Le 19, elle rentre chez elle, après avoir pris la précaution de se dépouiller de l’uniforme fédéré qui peut la compromettre ; mais elle éprouve le besoin de causer un peu des événements avec sa concierge.

— Ah ! s’écrie-t-elle, si Clémenceau était arrivé quelques instants plus tôt rue des Rosiers, on n’aurait pas fusillé les généraux, parce qu’il s’y serait opposé, étant du côté des Versaillais.

Enfin « l’heure de l’avènement du peuple a sonné ». Paris, au pouvoir de l’étranger et des vauriens accourus de tous les coins du monde, proclame la Commune.

Secrétaire de la société dite de « Moralisation des ouvrières par le travail », Louise Michel organise le fameux Comité cen-