Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/479

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tral de l’Union des femmes, ainsi que les comités de vigilance chargée de recruter les ambulanciers, et, au moment suprême, des travailleuses pour les barricades, peut-être même des incendiaires.

Une copie de manifeste trouvée à la mairie du Xe arrondissement indique le rôle joué par elle dans lesdits comités, aux derniers jours de la lutte. Nous reproduisons textuellement cet écrit.


« Au nom de la révolution sociale que nous acclamons, au nom de la revendication des droits du travail, de l’égalité et de la justice, l’Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés proteste de toutes ses forces comme l’indigne proclamation aux citoyennes, affichés avant-hier et émanant d’un groupe de réactionnaires

« Ladite proclamation porte que les femmes de Paris en appellent à la générosité de Versailles et demandent la paix à tout prix.

« Non, ce n’est pas la paix, mais bien la guerre à outrance que les travailleuses de Paris viennent réclamer.

« Aujourd’hui une conciliation serait une trahison. Ce serait renier toutes les aspirations ouvrières acclamant la rénovation sociale absolue, l’anéantissement de tous les rapports juridiques et sociaux existant actuellement, la suppression de tous les privilèges, de toutes les exploitations, la substitution du règne du travail à celui du capital, en un mot, l’affranchissement du travailleur par lui-même !

« Six mois de souffrances et de trahison pendant le siège, six semaines de luttes gigantesques contre les exploiteurs coalisés, les flots de sang versés pour la cause de la liberté, sont nos titres de gloire et de vengeance !

« La lutte actuelle ne peut avoir pour issue que le triomphe de la cause populaire… Paris ne reculera pas, car il porte le drapeau de l’avenir. L’heure suprême a sonné ! Place aux travailleurs ! Arrière leurs bourreaux ! Des actes ! de l’énergie !

« L’arbre de la liberté croît, arrosé par le sang de ses ennemis !…

« Toutes unies et résolues, grandies et éclairées par les souffrances que les crises sociales entraînent à leur suite, profondément convaincues que la Commune, représentant les principes internationaux et révolutionnaires des peuples, porte en elle les germes de la révolution sociale, les femmes de Paris prouveront à la France et au monde qu’elles aussi sau-