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En écrivant, comme en parlant, je m’emballe souvent ! Alors, la plume ou la parole s’en va poursuivant son but à travers la vie comme à travers le monde.

J’ai parlé d’atavisme. Là-bas, tout au fond de ma vie, sont des récits légendaires, morts avec ceux qui me les disaient. Mais aujourd’hui encore, pareils à des sphinxs, je vois ces fantômes, sorcières corses et filles des mers, aux yeux verts ; — bandits féodaux ; — Jacques ; — Teutons, aux cheveux roux ; — paysans gaulois, aux yeux bleus, à la haute taille ; — et tous, des bandits corses aux juges au parlement de Bretagne, amoureux de l’inconnu.

Tous transmettant à leurs descendants (légitimes ou bâtards) l’héritage des bardes.

Peut-être est-il vrai que chaque goutte de sang transmise par tant de races diverses fermente et bout au printemps séculaire ; mais à travers tant de légendes racontées sans que pas une ait été écrite, qu’y a-t-il de sûr ?