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V


Quelques notes sur mon pays natal.

La charrue y met au jour le cercueil de pierre de nos pères les Gaulois ; le couteau à égorger la victime et l’encens du Romain. Le laboureur, accoutumé à ces trouvailles les détourne (quelquefois pour faire une auge du cercueil, pour parfumer l’énorme souche qui brûle sous sa grande cheminée avec l’encens augural) et il continue à chanter ses bœufs tandis que derrière lui les oiseaux ramassent les vers dans les sillons ouverts.

Comme j’aime à songer à ce petit coin de terre ! J’aurais aimé, si ma mère avait pu survivre à mon absence, passer près d’elle quelques jours paisibles comme il les fallait pour elle, avec moi travaillant près de son fauteuil et les vieux chats calédoniens ronronnant au foyer.

Tant d’autres vivent si longtemps ! Ces jours-là ne sont pas faits pour nous.