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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/63

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en étaient là à cette époque ; mais les sources vives où l’on eût voulu se désaltérer ne sont pas pour ceux qui ont à lutter pour l’existence.

J’aurais voulu, tout en continuant mes études, rester à Paris comme sous-maîtresse : beaucoup le faisaient. Mais je ne voulus pas alors me séparer de ma mère et, avec elle, je retournai dans la Haute-Marne, près de ma grand’mère Marguerite.

C’est pourquoi, en janvier 1853, je commençai ma carrière d’institutrice à Audeloncourt (Haute-Marne), où j’avais une partie de ma famille maternelle.

Mes grands-oncles, Simon, Michel et Francis, qu’on appelait l’oncle Francfort, vivaient encore ; leurs épaisses chevelures rousses n’avaient pas même de fils d’argent.

C’étaient de beaux et grands vieillards, aux fortes épaules, à la tête puissante, simples de cœur et prompts d’intelligence, qui, comme les frères de ma mère, avaient appris, je ne sais comment, une foule de choses et qui causaient bien.

Un arrière-grand-père avait acheté autrefois toute une bibliothèque au poids : vieilles bibles illustrées d’images aux places où Homère appelait les nuées sur ses personnages ; anciennes chroniques, où soufflait si bien la légende, que