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qui appartenaient à d’autres villages. Mais, malgré les dénonciations de quelques imbéciles à ce sujet et sur mes opinions politiques, ma classe marchait d’autant mieux que j’avais le zèle de la première jeunesse ; je la faisais avec passion.

Les amis de l’ordre, qui daignaient s’occuper de moi, me disaient rouge, c’est-à-dire républicaine ; et comme pensant à m’en aller à Paris, chose dont ils n’auraient pas dû être fâchés, cependant, puisque ma manière de voir les gênait.

Ces accusations étaient parfaitement vraies : Paris à peine entrevu, et entrevu bien au-dessous des merveilles qu’on m’en avait dites, m’attirait ; c’était là seulement qu’on pouvait combattre l’Empire. Et puis Paris vous appelle si fortement qu’on en sent l’impression magnétique.

Les dénonciations qui troublaient le repos de ma pauvre mère me procuraient un bon voyage à Chaumont. J’y revoyais ma pension, mes maîtresses, mes amies avec lesquelles, comme autrefois, je faisais des malices aux vilaines gens.

J’y passais deux jours sous prétexte d’affaires.

Il me souvient d’avoir, avec Clara, causé un grand émoi à certains pourfendeurs de républicains (en paroles bien entendu), sur les portes desquels nous avions fait à la craie rouge une marque, mystérieuse, disaient-ils ; bien mysté-