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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/88

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Alors, en désespoir de cause, je le regardai bien en face, et avec la naïveté d’Agnès, je lui dis effrontément : Monsieur, est-ce que l’autre est en verre aussi ? (Il avait un œil de verre).

Mes parents me semblèrent un peu gênés ; lui, de l’œil qui n’était pas en verre, me lança un regard venimeux : il n’avait plus envie de faire de moi sa fiancée.

À cette époque je grandissais beaucoup, ma robe était très courte, j’avais un tablier plein de déchirures et mon filet à crapauds passait dans la poche ; je regrettais de n’en avoir pas quelques-uns à faire passer adroitement dans la sienne, mais il n’y eut pas besoin de cela ; il ne revint pas.

Molière m’inspira également pour le second de ces cocasses individus.

Ils ne se connaissaient pas, je crois, et pourtant les deux faisaient la paire.

Même idée de se choisir une fiancée toute jeune et de la faire repétrir comme une cire molle pendant quelques années avant de se l’offrir en holocauste.

Avez-vous remarqué combien d’êtres vont deux à deux, trois à trois, pareils à des astres qui gravitent les uns autour des autres ? Ces deux étoiles doubles avaient quelque chose de fan-