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Page:Mémoires de Louise Michel.djvu/92

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été deux semaines sans venir, vous avez manqué me faire tuer ; j’ai passé toute cette quinzaine au lit.

J’en fus si frappée que je me retirai, pour pleurer sur mon imprudence, dans le fond d’une cave, où je descendais quand j’avais quelque chagrin : ne rien voir que l’ombre calmait mes remords. Alors, prise de pitié, ma grand-mère m’avoua que M. Laumont le grand avait voulu me donner une leçon, mais qu’il n’avait point eu de mal ; j’étais assez punie comme cela. Les deux Laumont sont des figures remarquables dont je parlerai plus longuement.

Je croyais pour aujourd’hui avoir cessé de parler de Vroncourt et voilà que les pages se noircissent sans fin, et que j’ai toujours à dire. Nous y reviendrons encore, j’esquisse d’abord l’ensemble de ma vie.

Combien, à la fin de l’Empire, les strophes terribles de Victor Hugo me revenaient au cœur ! Elles y entraient froides comme l’acier et chaque syllabe me sonnait à l’oreille comme une horloge.


Harmodius, c’est l’heure !
Tu peux frapper cet homme avec tranquillité.


Ainsi je l’eusse fait, car cet homme de moins, il y avait des millions d’hommes d’épargnés.