Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/24

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étoit sœur de madame d’Esclavelles ; elle avoit trois fils et deux filles, l’une de trois ans, l’autre de cinq ans plus jeune qu’Émilie[1].

Sans être véritablement jolie, mademoiselle d’Esclavelles avoit une physionomie à la fois noble et spirituelle ; son âme se peignoit dans ses yeux, et la dévotion qui la subjuguoit alors répandoit sur toute sa personne un air de tristesse qui la rendoit encore plus intéressante.

    M. de Bellegarde, demeurait alors place Louis-le-Grand (place Vendôme), et M. de Bellegarde lui-même rue Louis-le-Grand ; mais depuis il était allé habiter la rue Saint-Honoré. C’était sans doute encore un autre de ses frères ou l’un de ses cousins que le de La Live qui était, depuis le 11 janvier 1727, conseiller à la première chambre des requêtes du Palais, et qui, en 1742, à cause de ses dettes, fut obligé de vendre sa charge. (Barbier, t. III, p. 334.) En tout cas, M. de Bellegarde avait certainement des parents au service, comme nous le verrons tout à l’heure dans l’acte de mariage de madame d Épinay.


    J.J. Rousseau parle, dans ses Confessions, d’un comte de Bellegarde. Cette famille noble n’avait aucune parenté avec les La Live.

  1. La fille aînée (Marie-Françoise-Thérèse), née le 7 juin 1728, était mariée depuis quelque temps à l’intendant Pineau de Lucé ; la cadette devait être la charmante madame d’Houdetot. Les trois fils sont : M. La Live d’Épinay, son frère La Live de Jully, destiné d’abord à la magistrature, puis employé dans la diplomatie et introducteur des ambassadeurs, et surtout connu par son goût pour les beaux-arts, et enfin La Live de la Briche, qui lui succéda dans les fonctions d’introducteur des ambassadeurs.

    Le nom d’Épinay est celui d’une des terres de M. de Bellegarde ; il en est de même du nom de la Briche ; quant au nom de Jully, on peut croire qu’il était depuis quelque temps dans la famille, et que M. La Live de Jully le reçut d’un oncle. Il existait, du reste, d’autres familles de Jully qui n’avaient rien de commun avec les Bellegarde. La Correspondance de Bussy (IV, 423 ; V, 68) fait mention de deux ou trois personnes de ce nom, et tout à la fin du dix-huitième siècle, en 1791, on voit un de Jully administrateur des domaines à Bordeaux.


    Madame d’Épinay, dans ses Mémoires, ne parle pas de son beau-frère, La Live de la Briche, ou plutôt ne fait qu’un seul personnage de ses deux beaux-frères. Ce qui est plus étrange, c’est que dans des actes mêmes la confusion a été faite : par exemple dans l’acte de baptême de la fille aînée de madame d’Épinay (Registres de Saint-Roch, 1747.)