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Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/258

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MÉMOIRES DE MADAME D’ÉPINAY.

nom lui en restera. Enfin, on joue après-demain, on joue devant lui, on mendie son suffrage, et l’on joueroit, je crois, pour lui tout exprès, si l’on osoit. On vous offre un lit ; mais, comme il y a beaucoup de monde, peut-être ferez-vous aussi bien de ne le pas accepter. Au reste, tout comme il vous plaira. Bonjour, mon vieil ami.


REPRISE DU JOURNAL.
Le 1er septembre (1750).

M. Duclos s’est fait présenter à mon beau-père, comme nous en étions convenus ; il en a été très-bien reçu. Je craignois qu’il ne lui échappât dans la conversation quelque chose qui découvrit ma nouvelle liaison avec mademoiselle Quinault ; mais, malgré sa vivacité, il est plus discret que je ne l’avois pensé. M. de Bellegarde l’a engagé à rester plusieurs jours ici et à nous voir jouer la comédie : il a accepté. Ces dames ont d’abord fait difficulté de jouer devant lui ; cela m’a fort embarrassée ; mais mademoiselle d’Ette, avec son adresse ordinaire, a tout raccommodé. En vérité, je lui dois bien de la reconnoissance ; elle n’est occupée que de moi. Elle m’avertit sans cesse de ce qui peut me nuire ; elle en est plus affectée que moi-même : il y a bien peu d’amis comme elle.

Francueil est très-content de M. Duclos et de l’intérêt qu’il me marque. Pour moi, jusqu’à présent, je l’estime fort ; je le vois avec plaisir, et, cependant, je ne le trouve pas très-aimable. Il m’amuse quelquefois ; je l’écoute volontiers ; mais il me cause de l’embarras, et je ne sais jamais quoi lui dire. Je ne me trouve pas toujours de son