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Page:Mémoires de Madame d’Épinay, Charpentier, 1865.djvu/58

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supposé, il a été plus malheureux que coupable. S’il a quelques airs, il est fort en droit de se les donner. Au reste, nous avons les mêmes connoissances, nous vivons ensemble, il m’a témoigné de l’amitié dans l’occasion, je lui ai des obligations que je dois reconnoître, et à ces titres, j’espère que tu le recevras comme à l’ordinaire, sans quoi il ne manquera pas de croire que c’est moi qui t’en empêche : c’est t’en dire assez. Quant à tes craintes, elles n’ont pas le sens commun. On peut bien dire à une femme qu’on en est amoureux, sans que la tête en tourne. Ô amour-propre femelle !

Je suis charmé que vous alliez vous établir à Épinay[1], et plus content encore du goût que vous paroissez avoir pour cette terre ; mais il faut du monde et des amusements. J’espère que mon père consentira à y donner quelques fêtes. Vous avez votre équipage et le sien, dont vous pouvez disposer. La campagne n’offre rien si

  1. Nous aurons tout le loisir, un peu plus loin, quand la scène sera plus animée et que les personnages importants auront paru, de recueillir les souvenirs du lieu de retraite où madame d’Épinay leur a donné l’hospilalité. Voici d’abord une simple indication géographique, tirée du Dictionnaire d’Hurtaut et de Magny :

    « Épinay-lez-Saint-Denis. Ce village est situé sur le rivage droit de la Seine, à une heure ou environ de la ville de Saint-Denis, et à trois petites lieues de Paris, dans une grande plaine cultivée de diverses façons. C’est le chemin pour Pontoise, Rouen, etc.


    « L’église a été rebâtie entièrement à neuf par M. le prince de Condé, et la dédicace en fut faite le 21 avril 1743 par l’évêque de Bethléem. On y reconnaît trois saints patrons, qui sont saint Georges, saint Médard et saint Silvain de Levroux et Beny. La cure est à la pleine collation de l’évêque.


    « Des trois villages nommés Épinay, qui sont dans chacun des trois archidiaconés de Paris, celui-ci est le plus célèbre et connu depuis un plus grand nombre de siècles. Ce nom n’a été donné à ces lieux que par rapport à la quantité de buissons qui en couvraient le terrain primitivement. M. La Live de Bellegarde, fermier général, en est le seigneur. »