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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1778.djvu/108

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MÉMOIRES


jourd’hui de l’Hôtel-Dieu : je n’ai pas un ſol, & pour comble de malheur je ne connois perſonne dans cette Ville.

Mon air de franchiſe, ma jeuneſſe & quelque peu de beauté, l’intéreſſerent en ma faveur. Il me pria d’entrer dans ſon cabaret, & me ſervit auſſi-tôt une demi-bouteille du meilleur vin qu’il avoit dans ſa cave. Il fit apporter de chez un Traiteur, un très-bon potage, & me pria avec tant d’honnêteté de manger, qu’à la fin je cédai à ſes inſtances. Après que j’eus pris quelque nourriture, je ne puis pas, me dit-il, vous loger ici ; cet endroit n’eſt que ce que nous appellons à Paris une cave en Ville, dont je ſuis chargé de vendre le vin ; mais je vous indiquerai une auberge & je payerai ce qu’il en coûtera. Après que j’eus mangé ma ſoupe & bu quelques verres de vin, s’apperçevant que j’étois très-fatiguée, il me conſeilla de me retirer, & me donna une lettre pour l’hôte, auquel il me faiſoit paſſer pour ſa parente