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MÉMOIRES


nes qui étoient dans l’Égliſe s’il ne ſe fût confondu avec toutes les voix qui chantoient les louanges de Dieu.

J’avois conſervé juſqu’alors mon ſecond pucelage. J’ignorois même le plaiſir que les hommes trouvoient à cette jouiſſance. Pendant que nous étions tous trois fort occupés, l’enfant entra ainſi qu’il lui avoit ordonné. À la vue du ſpectacle qu’il avoit devant les yeux, il alloit ſe retirer quand mon maître de Muſique l’appella : mets, lui dit-il, le bout du ſoufflet que tu tiens à ta main dans le cul de ce bougre-là, & ſouffle de toutes tes forces. Comme il commence à perdre haleine, je veux que tu le ranimes par ce moyen-là. L’enfant à cette ordre ridicule, partit d’un éclat, de rire, & n’en exécuta pas moins ce qui lui avoit été ordonné. Le groupe que nous formions étoit ſi ſingulier, la ſcène devint à la fin ſi comique, que l’Organiſte, malgré ſon grand flegme, perdit tout ſon ſérieux, & oublia tout ce qui ſe paſſoit.