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ne passait presque point de jour sans venir me voir : comme ces visites chez cette dame étaient presque aussi fréquentes avant que je demeurasse avec elle, cela ne parut point suspect, et d’ailleurs nous nous conduisîmes de part et d’autre avec beaucoup de prudence et de circonspection.

Comme j’étais un peu instruite sur la religion, c’était toujours la conversation que j’amenais quand j’étais avec cette dame ; ainsi sans afficher une très-grande dévotion je passai bientôt dans son esprit pour une femme très-pieuse. Ce qui lui faisait plaisir dit-elle un jour au cordelier, c’était de voir que ma piété ne diminuait pas la gaieté de mon caractère. Je jouais si bien le rôle de tartuffe, que jusqu’au moment de la scène qui m’arriva dans l’orgue du couvent, la pénitente de mon amant ne parlait de moi qu’en faisant mon éloge.

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