Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/134

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que moi. La difficulté était de trouver un prétexte honnête pour l’attirer chez moi ; mais une femme amoureuse manque-t-elle de moyens pour satisfaire sa passion ? Voici cher lecteur celui que je pris. Je vous laisse à décider s’il était adroit.

Un jour que je donnais à dîner à madame Marcelle et au révérend père Hercule, je fis tomber la conversation sur la vie que l’on menait à la campagne, je finis par dire qu’il fallait y avoir une occupation quelconque pour ne pas s’y ennuyer, surtout dans l’hiver où toute promenade était interdite : que quant à moi je ne pouvais m’imaginer comment une femme pouvait passer toute une année à faire du filet ou des nœuds : que ce travail n’occupait que les doigts et laissait l’esprit dans une inaction insuportable. Pour moi, dis-je, j’aime celles de mon sexe que je vois s’occuper soit à dessiner