Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/142

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quinze jours, et que j’espérais que ce temps suffirait pour réparer ses forces épuisées.

Auriez-vous, cher lecteur, la bonne foi de croire que Suzon qui ne respirait que la fouterie, se serait condamnée à un jeûne si austère et aussi long, si elle n’eût pas été sûre de gagner à l’absence du moine ? Non, certainement, j’aurais mieux aimé, je crois, crever mon débile fouteur, plutôt que de consentir à être dévorée par le feu ardent d’une passion que je n’aurais pas pu satisfaire. Le conseil donc que je lui donnais était médité. L’occasion de m’en servir s’était présentée, et je gardai bien de la laisser échapper.

Sûre que mon moine ne me rendrait point de visite qu’il ne fut en état de paraître devant moi sans rougir, je reçus toutes les nuits mon maître de musique ; il fallait que cet homme là eût, non pas le diable au corps, mais une tonne de foutre pour résister à la vie que nous menâmes.