Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/148

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partageais mes faveurs avec tant de prudence qu’ils ne me soupçonnaient ni l’un ni l’autre d’infidélité. À la fin cependant le masque qui couvrait mon hypocrisie tomba, et je ne tardai point à être connue pour ce que j’étais.

Mon maître de musique m’envoyait son commis pour me donner leçon, lorsque ses affaires ne lui permettaient pas de venir lui-même. Ce jeune homme quoique bien moins savant que son maître, bétail : assez pour moi. Les complaisances qu’il avait pendant les leçons, son air doux et honnête me plaisaient beaucoup. J’aurais bien désiré qu’il me fit quelques avances ; mais ce jeune homme était toujours très-froid. Ennuyée à la fin de le voir toujours demeurer dans les bornes du respect à mon égard, je lui fis quelques agaceries, qu’il comprit mieux que je ne devais m’y attendre, et l’affaire se termina : quoique ce fut avec moi qu’il chantât sa première