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Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/15

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les tigres les plus furieux ; mais que des satellites, en exécutant les ordres dont ils sont chargés, n’aient jamais témoigné la moindre compassion, ce phénomène surprendrait avec raison. Ces monstres ne pourraient jamais faire leur cruel métier, si, en endossant l’habit qu’ils portent, ils ne se dépouillaient de tout sentiment d’humanité dans la crainte qu’ils ne soient pas capables au besoin d’exercer les plus grandes cruautés. Leurs chefs n’emploient que des hommes qui se sont la plupart signalés par des forfaits ; mais revenons à ma chère Suzon. Cette tendre amie était déjà loin de moi, et il me semblait encore que je la voyais me tendre les bras ; mes cris, mes sanglots se faisaient entendre jusque dans la rue, où le peuple attroupé insultait encore au malheur de mon amie. Je voulais fuir de ce lieu d’horreur ; mais les forces me manquèrent. Je sentis mes jambes chanceler sous moi ; bientôt une