Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/162

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habits ; j’en fis de même ; les uns nous servaient d’oreillers ; les autres de matelats, et nous fûmes tous deux contens. Après cela, nous nous r’habillâmes, et je quittai sans regret une maison où j’avais été si malheureuse.

Mon amant ayant été obligé d’aller rejoindre son régiment et n’étant point assez riche pour m’entretenir pendant qu’il serait à sa garnison ; nous fûmes obligés de nous séparer un mois après notre connaissance. L’argent qu’il me laissa n’était point assez considérable pour fournir long-temps à mes besoins, aussi je ne tardai pas à éprouver tout ce que la misère a de plus affreux, j’étais réduite à loger dans ces auberges où l’on donne deux sous par nuit ; quand il me vint dans l’esprit d’aller voir le garçon marchand de vin à qui j’avais eu jadis tant d’obligation : j’appris qu’il ne demeurait plus dans le même endroit, qu’il était marié