Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/20

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mais dû ni pu prétendre à un pareil sort si tu fusses restée chez tes parens. Reproches-moi donc, me dit-elle d’un ton mielleux, de t’avoir arrachée des bras de ta famille ? Elle aurait encore parlé plus long-temps, selon sa louable coutume, que je n’aurais pas prêté plus d’attention à ce qu’elle disait ; j’étais trop occupée de tout ce qui venait de m’arriver pour répondre à cette femme, dont le caquet m’avait de tout temps ennuyée. Voyant à la fin que par mon silence je paraissais faire peu de cas de tous ses discours, elle réveilla mon attention en me rappelant que nous avions un compte à régler ensemble ; je le sais, madame, lui dis-je, et soyez bien persuadée que je ne sortirai point de chez vous que vous ne soyez satisfaite. Les mères abbesses de ce pays ont toutes la sage précaution que les filles qui sont chez elles leurs doivent afin d’avoir un prétexte pour les retenir,