Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(10)


porté des plaintes à la police contre elle. Cette nouvelle me fut d’autant plus agréable que j’espérais faire part de mon bonheur à mon amie, et qu’elle me prouvait que mon cher comte commençait déjà à chercher des occasions de me faire plaisir.

Il m’assura en des termes qui me peignaient son amour, qu’il aurait pour moi tant d’égards et de complaisances, qu’il espérait bientôt bannir de mon esprit tous les chagrins que j’avais éprouvés. Ce qui vous surprendra peut-être, cher lecteur, c’est que personne n’a jamais été plus exact à tenir sa parole. D’abord il paya tout ce que je devais, il poussa même le désintéressement jusqu’à vouloir que le paquet qui renfermait mes habits et mon linge fussent donnés à mon hôtesse ; mais j’étais bien éloignée d’y consentir. Je voulais que ces mêmes habits, en me rappelant l’état d’où j’avais été tirée, servissent aussi à me faire ressouvenir de mes