Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/26

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vécu avec moi, une année entière avec les mêmes égards et la même déférence qu’on a pour les filles les plus honnêtes : je dis plus, il a voulu devoir à l’amour tous les plaisirs qu’il a goûtés et qu’il goûte continuellement dans mes bras. Vous riez sûrement de sa conduite, vous le comparez à ce marquis de Rozelle, qui voulait prendre pour femme une actrice de l’opéra, que le prétendu repentir de sa vie passée lui faisait paraître plus estimable que si elle n’eût jamais fait de fautes. Soyez de bonne foi, vous croyez même lui faire grâce en le comparant à un jeune homme nouvellement sorti de son collège, qui tourmenté par la passion de l’amour, n’ose faire les premières avances à une femme, et tremblerait même de lâcher un propos équivoque qui pourrait l’offenser. Dans quelle erreur grossière vous êtes et combien vous êtes loin de juger du cœur de mon amant ! il voulait en me témoi-