Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/25

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bien dormir. Aussitôt il vint m’embrasser et se retira. Avec quelle surprise je le vis partir ! Malgré la bonne opinion que me donnait de lui une conduite aussi retenue, j’étais bien éloignée de penser qu’un seigneur, riche, aimable, âgé de 22 ans, pût avoir tant d’égards et de ménagemens pour une fille qui était en sa puissance, et qu’il avait retirée d’un lieu de débauche.

Ce que je vais dire étonnera plus encore, surtout ces vieillards décrépits, qui emploient le soufle de la vie qui leur reste à être les bourreaux des filles, qui ne cessent de les tourmenter, et de les faire servir à leurs goûts lubriques : que dis-je ? qui cherchent envain par des attitudes fatigantes et aussi maussades que leur figure, à ranimer un feu que l’âge a pour jamais éteint dans leurs veines. Dans quel étonnement, dis-je, je te jetterais cher lecteur, si je te disais que mon amant a

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