Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/29

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je l’ai appris huit jours après notre séparation, dans l’hôpital de Bicêtre, pour avoir trop négligé d’arrêter les progrès de sa maladie. Sa perte me sera toujours d’autant plus sensible que j’ai perdu en elle ma meilleure amie. Elle était moins débauchée par goût que par tempérament.

Son cœur malgré la vie qu’elle menait depuis long-temps, lorsque je commençai à la connaître, n’était pas plus corrompu que si elle eut eu toujours une conduite régulière ; enfin, c’était moins pour l’argent qu’elle retirait du commerce des hommes, qu’elle se livrait à eux que pour le plaisir qu’elle trouvait dans la jouissance ; avec moins de passions elle n’aurait eu aucun des vices qu’on reproche aux femmes. Elle était de bon conseil et m’a souvent donné des avis, dont j’aurais bien fait de profiter. Comme elle ne remarquait en moi aucun penchant pour