Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/31

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la main, le comte entra dans ma chambre ; comme ma femme de chambre venait de sortir de mon appartement, et en avait laissée la porte ouverte ; il fit si peu de bruit, qu’il était près de moi que je ne m’en étais pas aperçue. Mon premier mouvement ; fut de cacher mon cahier sous le coussin de mon fauteuil ; mais il n’était plus temps ; il avait été témoin de mon embarras à son arrivée et avait remarqué le mystère que je voulais lui faire ; cette précaution inutile ne servit qu’à le chagriner, et qu’à lui faire voir le peu de confiance que j’avais en lui. L’air froid avec lequel il m’aborda contre son ordinaire, me l’annonçait assez, mais je feignis de ne pas m’en apercevoir : Comment vous portez-vous aujourd’hui, me dit-il ? avez vous bien dormi cette nuit ? Il m’aurait fait encore, je crois, cent autres questions aussi indifférentes si j’avais pu le soutenir, et si je n’avais rompu cette maussade et