Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/32

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insipide conversation. Qu’avez-vous, M. le comte, aujourd’hui lui dis-je ? l’altération qui paraît sur votre visage, ces soupirs qui échappent malgré vous, vos yeux qui évitent de rencontrer les miens, en un mot, tout ce que je vois m’accable de douleur et semblerait m’annoncer que j’ai déjà en le malheur de vous déplaire. Parlez, mon cher comte, dussiez-vous prononcer mon arrêt de mort, il serait moins dur pour moi de l’entendre de votre bouche que de demeurer dans l’état où vous avez la cruauté de me laisser. J’accompagnai ces dernières paroles d’un torrent de larmes. Mon amant ne put me voir pleurer sans s’attendrir. Pourquoi vous chagriner ainsi, me dit-il, ma chère Rosalie ? Les sujets de plaintes que j’ai à former contre vous, me chagrinent ; mais ne peuvent jeter aucune espèce de soupçon, ni sur votre probité, ni sur votre amour pour moi ; à la vérité, je me rends