Page:Mémoires de Suzon soeur de D. B., 1830.djvu/83

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cieux, cache une âme rongée de soucis et d’inquiétudes : envierions-nous le sort de ce riche malheureux, si nous pouvions lire dans son cœur ulcéré ; celui du pauvre artisan dont le travail lui fournit toutes les choses nécessaires à la vie, n’est-il pas mille fois à préférer ? Madame d’Inville était dans ce cas là ; à la voir on aurait cru qu’aucune femme ne menait une vie plus heureuse ; mais quand je fus à même de connaître son cœur, j’en jugeai bien différemment.

Je trouvai en elle une femme tyrannisée par des passions toujours renaissantes, d’autant plus malheureuse qu’elle craignait de les satisfaire ouvertement. Elle redoutait avec raison un mari jaloux, qui se serait porté aux plus grands excès s’il eût pu seulement soupçonner sa conduite.

Onze heures étaient sonnées depuis long-temps, et la conférence édifiante avec