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Page:Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse - 1901 - tome 1.djvu/184

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mémoires.

profit des livres renfermés dans les dépôts publics. Les vices du système ne se faisaient donc pas trop vivement sentir. Tout au plus y avait-il un moment de transition difficile, quand l’ancien bibliothécaire, catalogue vivant de la bibliothèque, venait à disparaître et laissait la place à un successeur moins au courant que lui.

C’était l’âge d’or, sinon des bibliothèques — elles étaient mal dotées et parfois mal tenues — du moins, à certains égards, des bibliothécaires. Rien ne gênait leur initiative. Ils pouvaient, en toute liberté, donner, suivant leurs idées ou leurs goûts, la préférence à tel ou tel mode de classement des livres, le système de leur choix fût-il de nature à compliquer le service et à entraîner un certain gaspillage de place. Aucun règlement ne leur était imposé sous ce rapport, et, comme, d’autre part, ils recevaient peu de livres, ils n’avaient guère à craindre ni de manquer de temps pour le travail de chaque jour, ni généralement de manquer de place pour caser les acquisitions nouvelles.

Ce régime serait un anachronisme aujourd’hui. Presque partout, il y a plus de lecteurs, on achète plus de volumes, il se produit un plus grand mouvement de livres. Il en est particulièrement ainsi dans les bibliothèques de Facultés, dont le groupement a donné naissance, il y a une vingtaine d’années, aux bibliothèques universitaires, et auxquelles l’impulsion imprimée à l’enseignement supérieur a permis de prendre un rapide développement.

Or, du jour où les travailleurs deviennent plus nombreux, où leurs besoins s’étendent, où les entrées se multiplient, où le service enfin se complique et nécessite l’emploi d’un certain personnel de fonctionnaires et d’agents, de grands changements doivent nécessairement se produire dans l’administration des bibliothèques aussi bien que dans les méthodes de cataloguement.

Et d’abord, on ne concevrait plus alors que le bibliothécaire fût, comme autrefois, une sorte de pensionnaire de l’État ou de l’administration qui l’emploie. Il cesse d’être doté d’une prébende, il devient un fonctionnaire chargé