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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/77

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venus. En observant le spectre de la flamme dans laquelle ils introduisent diverses substances, ils remarquent avec les eaux-mères de la source minérale de Durkheim deux lignes bleues remarquables ne correspondant à aucun corps simple connu : sans hésiter, ils en concluent là l’existence d’un métal nouveau. D’un autre côté avec la lépidolithe, minéral commun en Saxe, ils obtiennent également un certain nombre de raies nouvelles, mais entre autres deux magnifiques d’un beau rouge foncé. Les voilà sur la voie ; les métaux existent, ils n’en doutent pas, ils leur donnent même des noms : le premier s’appellera Cœsium, le second Rubidium, à cause des couleurs qui les caractérisent. Mais ici commencent les difficultés : il ne suffit pas d’avoir conclu rigoureusement, il faut une preuve plus palpable, il faut montrer ces corps nouveaux, les extraire des masses dans lesquelles ils sont engagés, et on ignore complétement leurs propriétés chimiques. Qu’importe aux deux savants ? Ils sont trop certains des vérités qu’ils annoncent pour s’arrêter devant de tels obstacles. Ils se mettent à l’œuvre : d’une part plus de 40 000 litres d’eau de Durkheim sont évaporés, d’autre part plus de 150 kilogrammes de lépidolithe sont attaqués, et la nature cédant à leurs nobles efforts leur livre enfin quelques parcelles des deux précieux métaux.

Je me figure la joie que cette nouvelle dut répandre dans la petite ville d’Heydelberg, ce charmant nid de