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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1863.djvu/99

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tard, par une de ces faiblesses d’orgueil qui étaient dans sa nature de poëte, faire remonter jusqu’au Génie du christianisme. Joubert, inspecteur général, membre du Conseil de l’Université, assidu à ses fonctions et fidèle en même temps à toutes ses amitiés, emploiera ses loisirs à étudier le monde moral, à platoniser, selon son expression, voulant, à sa dernière heure, pouvoir se rendre ce témoignage qu’il n’aima dans sa vie que la vérité !

D’où lui venait donc cette prédilection particulière qu’il avait pour Platon ? Voyait-il seulement en lui le philosophe que les Pères de l’Église tenaient en si grande estime, celui dont la lecture fut le premier degré qui conduisit Saint Augustin au christianisme ? Non, Messieurs, il faut bien découvrir ici un faible de Joubert. Il aimait encore dans Platon le génie de la grâce ; celui qui tempère l’ironie par l’urbanité, qui complimente Alcibiade en l’avertissant de son étourderie, et le fait rougir de sa présomption par le sentiment de la noblesse de son âme. Il aimait la sagesse polie, le sourire divin de ces vieillards qui s’entretiennent des lois, de leur principe et de leur objet, sur le chemin du temple de Jupiter, et qui, reconnaissant que la foi dans la Providence et dans la vie future en est la base auguste, redresseront avec une fermeté si douce le sens égaré du jeune homme, dont le cœur, se troublant à la vue du mal, déclare que les Dieux n’ont aucun souci des choses d’ici-bas, et oublie, dit Platon, l’ordre éternel et