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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1864.djvu/327

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Voir, parmi les splendeurs de son premier réveil,
La terre qui s’anime et sourit au soleil,
Nous-mêmes avec elle et la nature entière,
Enivrés de parfums, de vie et de lumière,
Écouter l’eau qui chante en fuyant à nos pieds,
Voilà ce que nos cours choisiraient volontiers.
Mais non ! tous ces élans, prémices de ton âme,
Le monde impérieux déjà te les réclame.
À lui seul les efforts de ton activité,
Jeune homme, tu te dois à la société.
....................
Or tandis qu’avec moi j’agitais ces pensées,
Tenant sur mes genoux mes mains entrelacées,
Seul, le dos appuyé contre un arbre, un beau soir,
Je m’étais endormi sans m’en apercevoir.
J’eus un rêve… C’était dans des plaines étranges,
Sous un ciel qui semblait habité par les anges ;
Je me trouvais assis près d’un lac aux flots bleus,
Où les arbres penchés se regardaient entr’eux
Comme pour se sourire et causer des vieux âges.
Les antiques châteaux qui bordaient ses rivages,
Sur la vague allongeaient l’ombre de leurs donjons,
Et les brises du soir murmuraient dans les joncs.
Un instant arrêté sur les hautes montagnes,
D’un rayon vif et chaud éclairant les campagnes,
Le soleil à regret semblait quitter ces lieux,
Où tout resplendissait de ses derniers adieux.
Mais bientôt par degré la lumière s’efface ;
L’ombre couvre le lac et brunit sa surface,