jours la plus frappante et la plus efficace, la seule accessible à l’immense majorité des hommes qui, dit très bien Fénelon, ne peuvent comprendre qu’une philosophie sensible et populaire. Mais elle n’est pas la seule ; et à supposer qu’elle nous fît défaut, le dogme de la Providence ne perdrait rien de son autorité sur les esprits qui savent réfléchir ; car il se déduit directement, avec une invincible évidence, des principes les plus certains de la Métaphysique. Supposons pour un instant que la nature nous soit un livre fermé et que nous ne puissions chercher Dieu que dans la conscience ; nous l’y trouverons révélé à la raison par les idées du nécessaire, de l’infini et du parfait. Ces idées n’ont pas assurément leur modèle et leur objet dans le monde qui ne nous montre partout qu’imperfection, limite et contingence ; elles impliquent l’existence hors du monde et au-dessus du monde d’un être réel qui leur corresponde ; et cet être réellement nécessaire, infini et parfait est ce que nous appelons Dieu. Mais si Dieu existe, il est le principe de tout ce qui n’est pas lui ; et le monde, contingent puisqu’il n’est pas Dieu, vient de lui, non par une émanation nécessaire qui impliquerait l’absurde consubstantialité du fini et de l’infini, mais par une création libre. Il n’y a donc rien dans l’univers qui n’ait son principe dans la puissance, la pensée et la volonté divines ; car le mot de création dit tout cela, et nous ne saurions concevoir Dieu sans voir en lui la cause unique et totale de ce qui est dans le monde, de son organi-
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