des autres pour montrer combien est vain l’espoir de se passer de la Providence dans l’explication des choses, et jusqu’où un esprit d’ailleurs très-ingénieux et très-savant est obligé de descendre quand il veut, en dépit des faits, maintenir à tout prix un système préconçu.
1o M. Darwin insiste beaucoup sur les modifications héréditaires et progressives que des conditions nouvelles d’existence amènent dans les instincts des animaux. Je ne veux contester ni la possibilité ni la réalité de ces changements et de ces progrès. Mais quelle que soit leur limite, je n’y saurais voir l’effet exclusif d’une élection naturelle ou de quelque autre force opérant sans dessein et sans conscience. Tout au contraire cette plasticité de l’instinct, ces ressources inattendues, cette vertu de s’adapter à des conditions nouvelles et de devenir à l’heure dite ce qu’il faut qu’il soit pour le bien de l’être vivant, m’offrent au plus haut degré le caractère de l’appropriation et de la finalité ; j’y reconnais les marques d’une intelligence qui, n’étant assurément point dans l’animal, doit être quelque part hors de lui, au-dessus de lui, dans une pensée supérieure à l’aveugle nature, dans une Providence qui dirige les êtres vers un but qu’ils ignorent et qu’elle connaît pour eux. Cette providence se montre avec une parfaite évidence dans les instincts qui se perfectionnent par une sorte d’éducation naturelle. Elle se montre peut-être avec plus d’éclat encore dans ceux qui sont nécessairement parfaits dès l’origine et pour lesquels il n’y a pas de milieu