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Page:Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1874.pdf/68

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discours de M. tourdes.

de charité, et plus d’un moine, plus d’un ecclésiastique séculier se livrait à la pratique de l’art. Une inscription du xive siècle rappelle à Verdun les services d’un chanoine et curé, qui était en même temps maître ès arts et en médecine. Un pauvre moine de Saint-Remi, en 991, part à pied de son couvent pour aller étudier à Chartres un manuscrit des Aphorismes d’Hippocrate. Les bons médecins étaient rares a cette époque ; un évêque lorrain va se faire traiter à Salerne. En 1245, un Italien apporte en Lorraine un manuscrit du poëme latin de cette école célèbre, chacun veut en avoir une copie ; les médecins, craignant cette concurrence, poursuivent et persécutent l’étranger et demandent qu’on brûle l’ouvrage.

Le dévouement faisait défaut comme la science. Pendant la peste de Verdun, en 1584, on avait établi hors des murs des barraques destinées à recevoir les malades, ils sont soignés par des religieux ; le médecin de la ville avait été moins soucieux de sa dignité que de ce conseil de Paré, qui ne s’adresse pas au corps médical : « Le plus souverain remède que je puisse enseigner contre la peste, c’est de s’enfuir aussitôt qu’on le peut et de se retirer en air sain. » Il avait quitté Verdun, et n’y était rentré qu’à la fin de l’épidémie. Le magistrat lui retira sa pension pour tout le temps de son absence ; mais ensuite il revient sur cette décision, nonobstant la faute qu’il avait faite d’abandonner la ville au besoin et à