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civ
notice sur la vie et les ouvrages

l’amour-propre ou entretenir les rêves de l’ambition ; il ne voulait que s’instruire ; il en prit la voie la plus directe et la plus sûre. Pendant les deux années que dura son voyage, il acquit une connaissance intime et raisonnée de toutes les parties qui composent le vaisseau, et de toutes les opérations qui constituent la science de la manœuvre. À ces connaissances pratiques, il voulut joindre à son retour toutes les théories qui pouvaient les éclairer, et dont il n’avait emporté que les premiers élémens.

Seul, avec le secours des livres, il se forma lui-même, se fit connaître avantageusement, et il obtint la place de professeur royal dans ce port où il avait déjà fait de nombreux et bons élèves. À son titre de professeur, il ajouta bientôt ceux d’ingénieur et de correspondant de l’Académie royale de marine et de l’Académie des Sciences.

Parmi les connaissances nécessaires aux marins, l’astronomie ne fut pas la dernière à fixer ses regards. La science des longitudes venait d’être créée ; il fallait la naturaliser et vaincre la répugnance que ne manquent jamais d’inspirer les innovations même les plus utiles. C’est à triompher de cette disposition trop commune que M. Lévêque appliqua tous ses soins ; il chercha tous les moyens d’abréger des calculs indispensables. Ses recherches astronomiques l’avaient mis en correspondance avec l’astronome célèbre qui remplissait alors avec tant d’éclat la chaire du collége royal de France ; il le consultait sur ce qu’il pourrait faire de plus utile à la science et à ceux qui la cultivent.

Lalande employait alors tous ses moyens et toute son influence à propager la méthode de longitude qui se fonde sur les éclipses de soleil ou d’étoiles. Cette méthode se déduit aisément des règles données par Ptolémée dans sa Syntaxe mathématique ; elle fut depuis complètement expliquée par Képler, et cependant jamais elle n’avait pu prendre la moindre faveur. Les astronomes d’alors redoutaient la longueur des calculs. Des savans distingués, parmi