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notice sur la vie et les ouvrages

de l’auteur, qui, en reconnaissance, dédia son ouvrage au ministre qui en avait favorisé l’impression.

La belle invention de Montgolfier, le nouvel appareil et les brillantes expériences de M. Charles, occupaient en France tous les esprits ; partout on s’efforçait de les imiter pour donner aux provinces le spectacle dont Paris et Versailles avaient seuls joui. M. Guiton de Morveau, qui vient d’être enlevé aux sciences, l’avait montré à Dijon ; Nantes dut la même satisfaction à M. Lévêque, qui, pour la lui procurer, inventa un appareil pneumato-chimique dont la description se trouve dans les Mémoires de l’Académie pour 1784. Nantes lui doit de même une pompe à feu, l’une des premières qui aient été exécutées en France, et qui fut destinée à la mouture du grain et à la fabrication du biscuit.

Tout ce qui pouvait être utile devenait aussitôt l’objet de ses méditations et lui procurait l’espèce de jouissance qu’il ambitionnait par-dessus toutes. Les orages politiques vinrent changer la direction de ses pensées et de ses efforts qu’il variait suivant les circonstances, mais toujours dans les mêmes vues, l’amour du bien public et la prospérité de l’état. Ami de la modération, opposé par caractère à toute violence, à toute injustice, par l’ascendant que lui avaient acquis ses vertus et ses services, il sut pendant un temps calmer les esprits, il eut le bonheur d’en retenir quelques-uns et d’en éclairer quelques autres. Mais qui pouvait toujours résister à ce torrent ? Bientôt des persécutions de toute espèce furent la récompense de ses soins et de sa bienveillance. Pleurant la perte de ses amis, tremblant pour les jours d’une épouse chérie, qui partageait tous ses sentimens et avait déployé le même caractère, il se vit contraint de fuir le théâtre de scènes trop déplorables, et d’errer pendant plus d’une année.

Nommé représentant de la Loire-Inférieure en 1797, compris presque aussitôt dans la proscription de fructidor, il fut réduit