reçu le nom du Solide, parce qu’on n’y avait rien épargné pour le mettre en état de résister aux fatigues de l’expédition mixte que Marchand projetait dès-lors de faire tourner à l’avantage de la géographie.
Les navigateurs n’avaient pas de montres marines qui auraient pu faciliter leurs opérations, mais qui malheureusement étaient encore trop rares dans nos ports ; mais ils étaient l’un et l’autre exercés à toutes les opérations de l’astronomie nautique ; ils étaient munis de sextans de réflexion bien rectifiés. Toutes les fois que le ciel était serein, ils mesuraient les distances de la lune au soleil et aux étoiles ; ils les calculaient séparément, et se communiquaient ensuite leurs résultats pour la longitude du vaisseau ; le capitaine Chanal les inscrivait sur son journal, sur lequel a travaillé M. de Fleurieu, car le capitaine Marchand était mort depuis en pays étranger, sans qu’on ait pu jusqu’ici découvrir ce que sont devenus ses papiers.
Dans le temps où il s’était consacré tout entier à l’épreuve des horloges de Berthoud, en se passionnant pour cette belle découverte mécanique, M. de Fleurieu n’avait pas manqué d’employer aussi les méthodes purement astronomiques, ne fût-ce que pour obtenir des vérifications plus nombreuses, et pour être en droit d’avoir son avis sur la bonté relative des diverses méthodes ; mais il n’en avait parlé que pour déclarer qu’il ne manifesterait pas son opinion, s’il en avait une. Il est aisé pourtant de voir dans ce silence même que cette opinion était toute en faveur des horloges. On le voit encore par la manière sévère dont il traite un astronome distingué qu’il accuse de partialité contre Harrison. Il s’était pour ainsi dire identifié avec Berthoud, dont, sans le savoir, il partageait un peu les préventions. L’astronome respectable qui lui avait été adjoint pouvait bien lui-même n’être pas tout-à-fait libre de préjugés contre la méthode des distances, qui commençait à triompher de la méthode des angles