lui en ouvrir l’entrée, en se démettant en sa faveur de la place de géographe à laquelle la nouvelle loi venait de le nommer.
Cette compagnie, formée de savans qui tous estimaient et désiraient M. de Fleurieu pour eux et pour lui-même, hésitait pourtant à l’acquérir à ce prix. Un des membres, nommé par la loi, navigateur célèbre, que la Classe vient de perdre récemment, se trouvait alors dans l’impossibilité de satisfaire au règlement qui exige la résidence. Les membres du bureau des longitudes, obligés d’accepter la démission de M. Bougainville, eurent du moins la consolation de le voir remplacé par celui qu’ils avaient regretté de ne pouvoir se donner pour confrère.
M. de Fleurieu dès ce moment fut libre de reprendre ses travaux suspendus. Il n’en fut presque pas distrait par sa nomination au conseil des anciens, où il ne siégea que peu de temps. Il avait entrepris la rédaction du voyage de Marchand ; et déja il en avait lu des fragmens à la Classe des sciences morales et politiques de l’Institut.
Ce voyage, dont peu de personnes avaient connaissance, n’était point une de ces expéditions brillantes telles que celles des Anson et des Bougainville, dont le but était de tenter de nouvelles découvertes ; mais, comme ces navigateurs distingués, Marchand avait heureusement fait le tour du globe ; il avait découvert des îles inconnues ; il avait contribué aux progrès de la géographie. L’objet de ce voyage n’était d’abord que de tenter la traite des pelleteries ; mais ceux qui en avaient fait les frais (la maison Baux de Marseille), en donnant un exemple qui pouvait devenir utile au commerce français, étaient en même temps en état d’apprécier les connaissances que pouvait procurer une expédition si nouvelle. Ils avaient eu le bonheur de rencontrer deux capitaines d’un mérite réel, MM. Marchand et Chanal ; ils s’en étaient rapportés à eux pour la construction du navire et tous les détails de l’armement. Le vaisseau construit tout exprès avait