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Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 10.djvu/144

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Il fait voir que cet excellent observateur avait déjà signalé plusieurs singularités de ces arbres. Ainsi il annonçait que l’on peut de loin distinguer les espèces par la forme déterminée de chacune d’elles ou par leur port ; il citait entre autres le cèdre du Liban et le pin pignon ; les prenant dès leur naissance, il remarquait, entre autres dans le sapin, que les premières feuilles (ou les cotylédons) sont verticillées. Cet arbre se distingue aussi des autres, dit-il, parce que ses rameaux sont de mème verticillés quatre à quatre, et disposés, ce sont ses termes, comme les feuilles de la garance. Il faisait pareillement observer que dans les pins, surtout le sylvestre, les premières feuilles sont simples et aiguës comme celles du genévrier, tandis que les autres sortent deux à deux. Ce n’était pas seulement dans le cours de ses voyages qu’il observait ces arbres, il cherchait à les multiplier sur tous les points de la France, en recueillant partout des graines : il les semait, soit à Paris dans les jardins de l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, soit au Mans dans deux de l’évêque du Bellai. Il y avait vu germer le cèdre du Liban, des cônes qu’il avait rapportés du Levant : les jeunes cèdres étaient déjà assez forts lorsqu’ils lui furent volés, et ce qui le désola, c’est que c’était par des ignorants qui les laissèrent périr. Il constatait qu’à cette époque on avait déjà introduit en France un arbre non moins magnifique, mais qui ne devait pas encore y prospérer. Examinant à Fontainebleau le thuia occidentalis, on lui fit voir un autre arbre qu’on disait avoir été rapporté avec ce thuia du Canada, et que l’on confondait avec lui sous le même nom d’arbre de vie. Belon crut que l’on se trompait, et il lui sembla que c’était le pin cembro des Alpes. C’était Belon qui était dans l’erreur, car il avait sûrement sous les yeux de