Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/107

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Volta s’était marié en 1794, à l’âge de quarante-neuf ans, avec mademoiselle Thérèse Peregrini. Il en a eu trois fils : deux lui ont survécu ; l’autre mourut à dix-huit ans, au moment où il faisait concevoir les plus brillantes espérances. Ce malheur est, je crois, le seul que notre philosophe ait éprouvé pendant sa longue carrière. Ses découvertes étaient sans doute trop brillantes pour n’avoir pas éveillé l’envie ; mais elle n’osa pas les attaquer, même sous son déguisement le plus habituel : jamais elle n’en contesta la nouveauté.

Les discussions de priorité ont été de tout temps le supplice des inventeurs. La haine, car c’est le sentiment qui ordinairement les fait naître, n’est pas difficile dans le choix des moyens d’attaque. Quand les preuves lui manquent, le sarcasme devient son arme de prédilection et elle n’a que trop souvent le cruel avantage de le rendre incisif. On rapporte qu’Harvey, qui avait résisté avec constance aux nombreuses critiques dont sa grande découverte fut l’objet, perdit totalement courage lorsque certains adversaires, sous la forme d’une concession, déclarèrent qu’ils lui reconnaissaient le mérite d’avoir fait circuler la circulation du sang. Félicitons-nous, Messieurs, que Volta n’ait jamais essuyé de pareils débats ; félicitons ses compatriotes de les lui avoir épargnés. L’école bolonaise crut long-temps sans doute à l’existence d’une électricité animale. D’honorables sentiments de nationalité lui firent désirer que la découverte de Galvani restât entière ; qu’elle ne rentrât pas, comme cas particulier, dans les grands phénomènes de l’électricité voltaïque ; et, toutefois, jamais elle ne parla de ces phénomènes qu’avec admiration ; jamais une bouche italienne ne prononça le nom de l’inventeur de la pile sans l’accompagner des témoignages les moins équi-