Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voques d’estime et de profond respect ; sans l’unir à un mot bien expressif dans sa simplicité, bien doux surtout aux oreilles d’un citoyen : jamais, depuis Rovérédo jusqu’à Messine, les gens instruits n’appelèrent le physicien de Pavie que nostro Volta.

J’ai dit de quelles dignités Napoléon le revêtit. Toutes les grandes Académies de l’Europe l’avaient déja appelé dans leur sein. Il était l’un des huit associés étrangers de la première classe de l’Institut. Tant d’honneurs n’éveillèrent jamais dans l’ame de Volta un mouvement d’orgueil. La petite ville de Come fut constamment son séjour favori. Les offres séduisantes et réitérées de la Russie ne purent le déterminer à échanger le beau ciel du Milanez contre les brumes de la Newa.

Intelligence forte et rapide, idées grandes et justes, caractère affectueux et sincère, telles étaient les qualités dominantes de l’illustre professeur. L’ambition, la soif de l’or, l’esprit de rivalité ne dictèrent aucune de ses actions. Chez lui l’amour de l’étude, c’est l’unique passion qu’il ait éprouvée, resta pur de toute alliance mondaine.

Volta avait une taille élevée, des traits nobles et réguliers comme ceux d’une statue antique, un front large que de laborieuses méditations avaient profondément sillonné, un regard où se peignaient également le calme de l’ame et la pénétration de l’esprit. Ses manières conservèrent toujours quelques traces d’habitudes campagnardes contractées dans la jeunesse. Bien des personnes se rappellent avoir vu Volta à Paris, entrer journellement chez les boulangers, et manger ensuite dans la rue en se promenant les gros pains qu’il venait d’acheter, sans même se douter qu’on pourrait