Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le prétendu crocodile des carrières de Maëstricht a enfin ses rapports fixés et sa place assignée près les tupinambis ou monitors : la détermination générique de ce grand saurien sous le nom de mososaurus, a mis en effet de la précision et l’autorité de la science, où n’étaient, avant M. le baron Cuvier, qu’incertitudes, fausses allégations et stériles discussions. Aurais-je autrefois, dans une heureuse imitation de ce progrès scientifique, et plus nettement reconnu et mieux donné aussi les rapports des prétendus crocodiles de Caen et de Honfleur ? Effectivement, dire de ces animaux que, sous le point de vue organique, ils sont placés à une plus grande distance de quelques analogues vivants qu’on ne l’avait cru d’abord, les admettre à figurer avec des noms spéciaux, et par conséquent faire qu’ils ne soient plus mêlés, au moyen d’arbitraires classifications, avec les êtres de la création actuelle, n’est-ce pas avoir de même, au profit des spéculations de la géologie, élevé cet important sujet à ses véritables idées zoologiques ? Voilà du moins ce que je me propose d’examiner aujourd’hui.

Car, plus tard, se présenteront d’autres questions ; telle celle-ci, par exemple : « Si les prétendus crocodiles de Caen et de Honfleur renfermés dans de semblables terrains, ceux de la formation jurassique, avec les plesiosaurus, ne seraient point dans l’ordre des temps, aussi bien que par les degrés de leur composition organique, un anneau de jonction qui rattacherait sans interruption ces très-anciens habitants de la terre aux reptiles actuellement vivants et connus sous le nom de gavials ? » J’ai déja annoncé avoir réuni assez de faits et surtout suffisamment de réflexions déduites de ces faits pour aborder d’aussi hautes questions.