Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/120

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Après avoir tiré un principal caractère de la considération des corps caverneux, tantôt séparés et tantôt joints ensemble, M. de Blainville passa à l’observation des formes du crâne. Une circonstance de celui des crocodiles le préoccupa vivement et le porta à considérer ces animaux comme s’écartant des sauriens par un assez large intervalle : c’est la condition de fixité de la partie auriculaire qui sert à l’articulation de leur mâchoire inférieure. Dans cette pièce, mobile chez les sauriens comme chez les oiseaux, mais qui est tout au contraire, chez le crocodile, engagée et fortement retenue au milieu de plusieurs lames crâniennes, M. de Blainville aperçut des conditions d’hiatus et de forte anomalie. Aussi selon le prodrome de la classification zoologiqueque ce savant académicien a publiée[1], c’est un ordre à part, et non pas seulement un grand genre[2] qu’il a entendu établir. Cependant il laisse plus pressentir qu’il n’expose ses motifs, puisqu’il ne les fait connaître que dans une note où il déclare se contenter à cet égard d’apercevoir « un ensemble d’organisation intermédiaire entre les sauriens et les chélonées, distinguant parmi celles-ci les tortues d’eau douce et surtout les trionyx, qui, ajoute M. de Blainville, pourraient bien avoir de véritables dents. » Et, en effet, les chélonées se trouvent avoir pour trait commun avec les crocodiles, que leurs pièces d’creille employées dans l’articulation des mâchoires sont enclavées et fixées au crâne. Cela posé, c’est-à-dire cette argumentation étant seule produite, il faut bien que ce soit dans ce rapport tenu pour le

  1. Dans le Recueil de la Société philomatique, juillet 1816.
  2. Ainsi que l’a conçu et admis M. le baron Cuvier.