Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/149

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à rendre en effet obligatoires les distinctions zoologiques de cette famille, c’est-à-dire l’érection des genres téléosaurus et sténéosaurus.

Portons plus loin ces réflexions. L’indépendance de ces deux combinaisons anormales existe de fait : elle nous est révélée par l’organisation des sauriens fossiles du calcaire de Caen. Mais de plus, voyons que cette indépendance résulte de la nature des choses. Le système auriculaire en gagnant les hautes régions de l’arrière-crâne, dans les crocodiles et les téléosauriens, pouvait sans inconvénient demeurer étranger au palais et au canal cranio-respiratoire, situés en devant et inférieurement : car chacun de ces systèmes a pu très bien, à son heure des développements, s’accommoder des conditions très diverses de son monde ambiant. Les téléosauriens ont vécu autrefois sous l’influence de modificateurs autres que ceux sous l’action desquels sont aujourd’hui placés les crocodiles. Effectivement, autres étaient ces modificateurs sous le point de vue de leurs conditions thermométriques, hygrométriques et eudiométriques. Tel état de l’atmosphère a donc pu, favoriser le développement de tel organe des sens, et au contraire sous l’exercice d’une autre constitution atmosphérique, la modification aura gagné de préférence un autre appareil. À d’autres époques, caractérisées par de grands changements dans la constitution de l’univers, appartiennent sans doute ces diversités de l’organisation ; et il est alors tout simple d’admettre que l’état eudiométrique de l’atmosphère ayant changé, les modifications ressenties par l’organisation auront été partielles dans de certaines régions du crâne et auront pu exercer leur plus grande influence sur le canal qui sert de conduit à l’élément respirable.