Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/155

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Quand j’étais borné aux seuls matériaux dont j’avais la disposition il y a six mois, alors que j’avais déja tenté de donner une détermination rigoureuse des grands sauriens trouvés aux environs de Caen et jusqu’ici attribués au genre des crocodiles, on pouvait continuer d’appliquer l’’ingénieuse comparaison que c’était là quelques médailles frustes propres à exercer notre sagacité, et qu’il fallait s’essayer à déchiffrer pour restaurer, et au besoin même pour reconstruire à neuf toutes ces anciennes compositions de la nature animale, successivement emportées par les dévorantes révolutions de la terre, ou peut-être seulement modifiées par d’insensibles changements. Mais au moyen de la riche moisson que je viens de faire, je suis vraiment dispensé de toute cette sagacité recommandée. La nature, plus libérale dans cette occasion qu’elle ne le fut jamais, ne s’est point tenue à ne nous livrer que des débris, pouvant laisser une si grande part au doute ; ce sont des animaux entiers, non pas seulement appartenant à une espèce, mais à plusieurs, que je viens d’observer : là n’était pas uniquement des squelettes sans aucune partie dérangée, mais des êtres montrant de plus encore les pièces de leur système tégumentaire. Leur peau était formée d’écailles osseuses, pour la plupart imbriquées et distribuées en deux carapaces ; l’une protégeant le dos, et l’autre plastronnant le ventre.

En octobre 1830, j’avais pu, sur le témoignage d’une certaine forme du canal cranio-respiratoire, comme sur la circonstance vraiment ichtyologique que révélait la disposition des écailles osseuses, m’abandonner aux conséquences de cette nouvelle manifestation des formes animales. En comprenant ce que toutes les parties d’un animal exigent d’ac-