Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/156

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cords pour que chacune en reçoive le principe de l’unité d’actions et de mouvements, j’avais admis qu’une conformation aussi nouvelle sur un point s’était nécessairement propagée telle dans toutes les autres parties non encore étudiées. Ainsi s’était faite mon opinion que j’avais eu sous les yeux un animal marin et non plus un crocodile des fleuves ; d’où ce pressentiment que je ne me fis pas difficulté de produire, savoir : que les pieds qui n’avaient point encore été retrouvés seraient reconnus disposés et habiles à fonctionner comme une nageoire. On verra plus bas que ma présomption d’alors est un fait présentement à peu près acquis.

Mes recherches auront pour résultat d’établir que les grands sauriens des bancs oolithiques qui entourent la ville de Caen, attribués jusque-là au crocodile, n’ont point vécu à la manière des amphibies, tantôt à terre et tantôt dans des rivières ou des lacs d’eau douce. Animaux de la mer, aussi bien que les ichtyosaurus, et contemporains des cornes d’ammon, des gryphées, des nautiles et généralement de ces coquilles marines dites les ammonées, dont les dépouilles constituent l’un des plus anciens et des plus importants dépôts dans la mer et par la mer, ils forment, pour ce qui s’est conservé d’eux,et ils sont une partie de ces mêmes dépôts, aujourd’hui désignés sous le nom de terrain secondaire ou de formation jurassique. Ainsi ces grands sauriens vivaient dans un temps où très-probablement les crocodiles n’eussent pu respirer à l’aise, c’est-à-dire, n’auraient pu encore exister. Car nous ne devons pas perdre de vue, dans toutes ces recherches, le principe qu’il n’y a d’organisation animale possible que sous l’action et la toute-puissance du phénomène de la respiration, et que les animaux deviennent, par la répartition très-