Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/162

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aussi favorablement disposée pour la natation que l’est le sabot du cheval pour la marche. Cet état de choses est si contraire à l’analogie que je m’y fie peu, et que je n’en parle que comme d’un fait qui n’est qu’entrevu.

Cependant, qu’y aurait-il là de plus extraordinaire que ce dont nous sommes journellement les témoins ? Afin d’avoir à s’étonner moins de ce que les pieds de derrière des sténéosaures seraient terminés par une spatule osseuse de la forme d’une queue de castor, supposez des naturalistes qui n’auraient jamais connu la jambe d’un solipède. L’Amérique et l’Australie étaient privées de ces animaux avant qu’il s’y en trouvât par la communication et la fréquentation des Européens. Or, soyons attentifs à ceci : quoi, en effet, de plus singulier que l’organisation du pied d’un cheval ? Pour la société européenne, c’est un fait vulgaire ; mais pour la philosophie qui se soustrait à l’empire et aux préjugés de l’habitude et qui estime à sa valeur une exception échappant à la règle, une telle anomalie reste un fait grave et digne de méditation Au surplus, je saurai bientôt à quoi m’en tenir sur ces pieds de sténéosaure, tellement singuliers que je n’admets l’empreinte où ils sont tracés que comme un document problématique. Une impulsion pour de telles recherches est donnée des hommes de coeur et de savoir[1], qui m’accordent leur amitié et qui m’ont promis leurs soins, se proposent cette découverte ; ils n’y épargneront ni argent ni études. Les ouvriers des carrières, suffisamment prévenus et bien

  1. MM. Tesson et Abel-Vautier, encouragés et dirigés par mon savant et dévoué collaborateur, M. le professeur Eudes Deslongchamps.