Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/175

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Article Ier.
Précis historique.

Il est dans les sciences, après chaque époque parcourue, un moment d’hésitation, quelquefois même d’épuisement, qui force de recourir à de nouveaux procédés. L’on se défend alors de la direction des hommes qui tiennent le gouvernail, s’ils recommandent une extrême réserve. On se met en garde contre le calcul habile qui inspire de se fixer à ce qui est plus facile et bien plus à profit, aux anciennes allures. Où l’on n’a qu’à étendre les idées dominantes, l’on n’est point responsable de se borner à des faits sans résultat philosophique ; c’est suivre l’usage, et mieux, c’est se ménager les moyens d’être bien compris et, conséquemment, très-goûté.

Mais, au contraire, que l’on pense à remettre les sciences dans un mouvement ascendant, il faut se résigner aux inconvénients d’une position difficile. Il est inévitable de parler au public de ce qu’il ignore, de ce qui n’est point encore arrivé à sa portée sous quelques rapports, et l’on est exposé à être jugé avec une extrême sévérité. Toutefois, cette crainte n’a jamais arrêté un novateur à la fois consciencieux et bien convaincu. On peut, quant à cela, s’en rapporter aux facultés progressives et aux besoins instinctifs de l’esprit humain. Seulement, non moins de prudence que de dévouement et de courage dirigent le zèle.

Voulant recourir aujourd’hui à cette prudence et disposer à m’accorder quelque attention, je n’entrerai dans mon sujet, la recherche du caractère philosophique des différences zoologiques, qu’après avoir montré qu’il était utile de s’en occuper actuellement. Je ne le puis que par un exposé de