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Article II.
Des produits organiques systématiquement modifiés au gré
des changements des milieux ambiants.

Admettons d’abord, par hypothèse, que le milieu ambiant forme un ensemble de parties, où chacune se maintienne constamment à sa place accoutumée. Notre corps A pourvoira à son développement par un exercice simple et facile de l’affinité élective de ses éléments ; car il lui sera loisible, cédant à la loi d’attraction de soi pour soi[1], de puiser parmi les parties moléculaires de son monde ambiant celles qui sont à sa convenance. Point de difficultés, par conséquent, pour que les matériaux empruntés viennent se confondre par assimilation aux organes du sujet A, et par conséquent pour que ce cours d’événements n’amène un développement constamment régulier.

Mais à la place de cette hypothèse, nous rencontrons une réalité exactement contraire : le milieu ambiant varie ; le froid succède au chaud, l’humidité à la sécheresse ; les gaz légers de l’atmosphère sont remplacés par de plus pesants, l’agitation de l’air par du calme. Une lutte naît d’un pareil concours de circonstances. Le développement de A en est nécessairement plus ou moins troublé, ou, si l’on veut, plus ou moins favorisé.

Voilà ce qu’un cultivateur sait par expérience en faisant chaque année la récolte de ses jardins. Tout l’ensemble des

  1. Loi que j’ai reconnue et établie dans mon article Monstre, du Dictionnaire classique d’histoire naturelle.