Page:Mémoires de l’Académie des sciences, Tome 12.djvu/28

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de petits globules semblables au mercure par la couleur et par l’éclat, mais tellement combustibles, qu’ils se couvraient presque en se formant, d’une croûte blanche qui était de la potasse, et que, jetés sur l’eau, ils surnageaient et y brûlaient avec une lumière éclatante et une vive chaleur ; il en était de même de la glace, il semblait qu’il eût retrouvé ce ſeu grégeois si fameux dans l’histoire byzantine, et auquel nous devons probablement que l’Europe ne soit pas aujourd’hui mahométane. Le même phénomène se répéta avec la soude, et quels que fussent les conducteurs, le produit de la combustion était toujours de la potasse ou de la soude ; un enduit de naphte pouvait seul, en préservant ces globules métalliques de l’approche de tout corps oxigéné, arrêter leur tendance à la combustion. En vain quelques contradicteurs supposèrent-ils que ces nouvelles substances étaient des combinaisons de l’hydrogène ou même du carbone avec les alcalis ; des analyses rigoureuses repoussèrent promptement ces hypothèses, et il demeura démontré que la potasse et la soude résultent de la combinaison de l’oxigène avec des bases semblables aux métaux par leurs caractères extérieurs, mais infiniment plus légers et d’une affinité pour l’oxigène infiniment plus forte. La potasse en contient centièmes et la soude Ces bases, aussi parfaits conducteurs de la chaleur et de l’électricité qu’aucun métal, se ramollissent à degrés de Réaumur, deviennent à liquides comme le mercure et s’évaporent à la chaleur rouge. Klaproth, le premier qui de nos jours ait découvert un métal nouveau, voulut leur contester la qualité de métal, se fondant sur leur légèreté spécifique ; et en effet tous les métaux connus jusque-là sont fort pesants, mais dans des degrés